Soulagement chez les étudiants avec la nouvelle mouture de la réforme du décret Paysage : “C’était l’année de la dernière chance, je respire à nouveau”
C’est un énorme poids qui vient de s’enlever des épaules de nombreux étudiants. Finalement, ils resteront finançables et ne seront pas exclus l’année prochaine.
- Publié le 17-04-2024 à 21h28
Sur les campus des universités et des hautes écoles, l’ambiance semble un peu plus légère. Naomi, Clarisse, Romane et Anaelle, comme tant d’autres étudiants lâchent un “ouf” de soulagement. Cette année était celle de la dernière chance avec la réforme du décret Paysage portée par Valérie Glatigny (MR) et soutenu par les autres partenaires de la majorité PS et Ecolo avant que ces deux derniers rétropédalent et fassent passer des modifications.
”Je risquais d’être non finançable l’année prochaine ce qui était assez effrayant”, confie Naomi qui entame sa troisième tentative pour valider sa première année. “C’est un soulagement même s’il vaut toujours mieux de valider un maximum de crédit.” L’étudiante a tenté deux fois des études de vétérinaire avant de se réorienter vers la technologie animalière, convaincue de vouloir un travail en lien avec les animaux mais elle se retrouve avec les mêmes cours qui lui posent problème.
Même son de cloche du côté de Clarisse qui après trois années en psychologie est toujours en BA1. “C’était l’année de la dernière chance, je respire à nouveau. C’est très stressant de vivre avec ça surtout qu’il y a des pressions du côté de l’entourage qui n’aident pas.”
Élèves des années Covid
Pour rappel, le décret “Glatigny” limite dans le temps la validation des crédits afin de lutter contre l’allongement des études : les étudiants disposent de deux ans pour réussir leur première année avec un an de sursis en cas de réorientation après deux tentatives, quatre ans pour réussir 120 crédits minimum et cinq ans pour terminer le bachelier et passer en master.
Pour Annaelle, les deux chances pour passer en BA2 empêchent les jeunes de trouver les bonnes études alors qu’ils sortent des secondaires et se cherchent encore. Clarisse fait partie des élèves qui ont connu le Covid avant de se retrouver propulsés dans la cour des “grands”. “J’ai vécu les 5e et 6e secondaires pendant la crise sanitaire. Me retrouver à l’université n’a pas été évident, l’adaptation a été longue”, avance-t-elle comme explication à ses 18 crédits validés la première fois.
Si Romane a réussi sa première année et se prépare à passer les examens de BA 2 en droit, tout a été très stressant. “Cette réforme a mis une bonne grosse pression, j’ai beaucoup pleuré”, confie-t-elle. “Cela n’a pas beaucoup de sens d’avoir encore des cours de BA 1 en BA 3 mais tout le monde n’a pas la possibilité de réussir du premier coup.”
”Être étudiante est un job à temps plein”
Annaelle aussi a très mal vécu l’abandon de l’ancien régime. “J’étais habituée à pouvoir passer en validant 45 crédits et non pas les 60. J’ai failli arrêter et lâcher à plusieurs reprises à cause de cette réforme. Ça a été un soulagement de pouvoir envisager de continuer.”
Une étudiante en 3e année de Philosophie et lettres a plusieurs fois manifesté contre le décret Paysage défendu par le MR. Elle pointe une réforme élitiste qui met en difficulté ceux qui travaillent à côté. “Être étudiante est un job à temps plein. Si on travaille, c’est impossible de suivre les cours durant l’année”, confirme Romane.
Mais la Fédération des étudiants francophones (FEF) ne crie pas victoire trop vite. “Les lignes ont bougé mais rien n’est encore joué, ça ne va pas assez loin. Il reste des zones d’ombre. Ce moratoire n’est valable qu’un an, est-ce que cela sera comptabilisé si on revient à la réforme de base ? Que se passe-t-il pour les étudiants qui sont inscrits cette année sous dérogation ?”, pointe la présidente Emila Hoxhaj. “Nous restons mobilisés jusqu’au 25 avril, jour du vote au parlement. Le combat continue jusqu’au retrait définitif et pour un enseignement de qualité et accessible tous !”